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Ma vie en Pologne
11 octobre 2013

SUR LES TRACES DE MARIE CURIE

Maria Salomea SKLODOWSKA est née le 7 Novembre 1867, à VARSOVIE. Son père Wladyslaw (1832 - 1902), sa mère Bronislawa (1836 - 1878) sont Enseignants, elle mène une vie austère. élève brillante, sérieuse, avec un étonnant pouvoir de concentration. Marie fait le rêve, alors inconcevable pour une femme, de mener une carrière scientifique.

Marie Curie jeunesse

Marie a trois sœurs : Zofia, Helena et Bronia et un frère Jozej. Zofoa meurt du typhus en 1876, sa mère meurt à son tour en 1878, Marie a 11 ans. La capitale polonaise est alors occupée par les Russes, qui tentent d'affaiblir l'élite locale (Le "Royaume de Pologne", après le partage du Congrès de Vienne en 1815 est soumis à l'autorité du Tsar de RUSSIE).

En Juin 1883 elle obtient en POLOGNE son Diplôme de fin d'Etudes Secondaires avec la Médaille d'Or, elle a 16 ans. En 1886, quand Bronia, l'aînée, s'installa en FRANCE pour ses Etudes de Médecine, elle passa un accord avec sa sœur. Marie se plaça comme Institutrice en POLOGNE (de 1886 à 1889, à SZCZUKI, dans le Manoir de la Famille ZORAWSKI), et avec le peu d'argent qu'elle gagna, aida sa soeur financièrement à vivre en FRANCE. Puis quand Bronia fut Docteur en Médecine, Marie vint à son tour à PARIS et cette fois, les rôles furent inversés et c'est l'aînée qui se chargea de payer les études de sa sœur à la Sorbonne.

La timide Marie arrive à PARIS en Novembre 1891 pour poursuivre des Etudes Scientifiques. Elle est reçue en 1893 Première en Licence de Physique, à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris (La Sorbonne) ; puis, en 1894, elle est reçue Deuxième en Licence de Mathématiques. Comme de nombreux Intellectuels, Marie est une adepte de la Doctrine Positiviste d'Auguste COMTE, seule voie du progrès pour eux.

Au printemps 1894, Marie fait connaissance avec un jeune homme timide et réservé, Pierre CURIE. Il est déjà reconnu pour ses travaux sur la Cristallographie et le Magnétisme. Il lui écrivait : "Comme il serait beau de passer la vie l'un près de l'autre, hypnotisés dans nos rêves : votre rêve patriotique, notre rêve humanitaire et notre rêve scientifique". 

Le 26 Juillet 1895, il devient son mariUne photo prise le jour de leur Mariage les montre devant la maison familiale à SCEAUX, avec deux bicyclettes reçues en cadeau de mariage.

Pierre et Marie Curie le 26 juillet 1895, jour de leur mariage  

Pierre CURIE habitait durant la période 1892 - 1895 chez ses parents, qui étaient locataires (de 1892 à 1900) au "13 Rue des Sablons" (actuellement 9 Rue Pierre Curie) à SCEAUX, ancienne adresse de cette maison, comme en témoigne l'extrait suivant d'une lettre du 10 Août 1894 de Pierre CURIE à Marie SKLOWODSKA, à VARSOVIE :

"Je serais bien heureux si vous vouliez bien m'écrire et me donner l'assurance que vous comptez revenir en Octobre. En m'écrivant directement à Sceaux, les lettres m'arrivent plus vite : Pierre Curie, 13 Rue des Sablons".

Le couple s'est ensuite installée Rue de la Glacière à PARIS. Puis Marie prépara l'Agrégation de Physique dont elle sortit Première en 1896.

Leur fille aînée Irène naît le 12 Septembre 1897, et Ève le 6 Décembre 1904.

Marie curie avec ses fillrs Irène et Ève

Après la mort accidentelle de son mari (Il meurt à PARIS, renversé accidentellement par une voiture à cheval, en Avril 1906). Marie résida de nouveau à SCEAUX, avec ses deux filles, pour se rapprocher de son beau-père : au 6 Rue du Chemin-de-fer (devenu depuis le 6 Rue Jean Mascré), qui l'aida beaucoup à s'occuper de ses filles.

Pierre Curie accident 19 avril 1906

De 1912 à 1934, Marie demeure au 36 Quai de Béthune à PARIS.

 


 

Pierre CURIE est né à PARIS le 15 Mai 1859, il est le fils d'un Médecin Protestant Eugène CURIE et de Sophie-Claire DEPOUILLY. Il a un frère aîné Jacques. Pierre ne fréquente ni l'Ecole, ni le Lycée, l'Enseignement ne devenant obligatoire en FRANCE qu'à partir de 1881 (Loi FERRY). Son instruction est dès lors assurée par ses parents, puis par un Ami de la Famille, Alexandre BAZILLE, qui lui enseigne les Mathématiques Elémentaires et Spéciales. En Novembre 1875, il passe son Baccalauréat en Sciences.

Pierre Curie portrait profil

Il obtient une Licence de Sciences Physiques en Novembre 1877. En Janvier 1878, il postule pour un Poste de Préparateur-Adjoint au Laboratoire d'Enseignement de la Physique de Paul DESAINS, l'un des deux Professeurs du Cours de Physique à la Faculté.

Autodidacte, c'est son frère Jacques qui lui apprit beaucoup. Brillant Théoricien, il était aussi un remarquable Concepteur d’Instruments de Précision (Balance de Curie, Electromètre de Curie, etc…).

 

LA PIÉZOÉLECTRICITÉ

En 1880, dans le Laboratoire de Charles FRIEDEL, il observe en collaboration avec son frère Jacques un phénomène important baptisé "piézo-électricité" selon lequel une pression exercée sur un cristal de quartz déplace les charges électriques : ce qui engendre un champ électrique, d'où l'apparition de charges en surface et un courant si le circuit est refermé.

En 1883, il devient Préparateur puis Chef de Travaux dans la nouvelle École Municipale de Physique et de Chimie Industrielles de la ville de PARIS auprès du Professeur Fernand DOMMER.

LE MAGNÉTISME

Dans sa Thèse pour le Doctorat ès Sciences Physiques, soutenue le 6 Mars 1895 à la Faculté des Sciences de l'Université de PARIS, portant sur les propriétés magnétiques des corps à diverses températures appelées désormais "Températures de Curie", il énonce la Loi de Curie et définit le "Point de Curie", température au-delà de laquelle certains matériaux perdent leurs propriétés magnétiques.

En Mars 1895, Pierre est nommé à un nouveau Poste de Professeur chargé de la partie théorique du cours d'électricité et magnétisme, au côté d'Édouard HOSPITALIER. Il est Responsable du Laboratoire de Physique de l'Ecole depuis 1882 jusqu'à sa mort. Il forme de nombreux Physiciens avec lesquels il se lie parfois d'amitié : Charles-Édouard GUILLAUME, Georges SAGNAC, Paul LANGEVIN, Jean PERRIN et André-Louis DEBIERNE.

 


 

MYSTÈRES DES RAYONS D'"URANE"

L'étude des rayonnements par des décharges électriques dans les gaz à l'intérieur de tubes à vide aboutie à la découverte de l'électron en 1897, par Joseph-John THOMSON (1856 - 1940), Prix Nobel 1906. La preuve de l'existence de l'atome est faite par Jean Perrin (1870 - 1942) en 1908, Prix Nobel 1926.

Pierre suggéra à Marie fin 1897, de reprendre l’étude des rayons «uraniques» abandonnée par Henri BECQUEREL. Celui-ci venait de montrer que l'uranium émet des radiations ionisantes dont on distingue trois types: alpha, béta et gamma, et qui ont certaines propriétés communes avec celles que produisent les tubes à rayons X (découverts par Wilhelm-Conrad RÖNTGEN en 1895).

Henri BECQUEREL (1852 - 1908) venait de découvrir qu'un sel d'uranium impressionne une plaque photographique malgré des enveloppes protectrices (Il communique sa découverte à l'Académie des Sciences le 24 Février 1896 et le 2 Mars 1896). Marie veut comprendre l'effet, l'énergie de ces rayons uraniques.

 

LE LABORATOIRE DANS LE "HANGAR DE LA DÉCOUVERTE"

Le Laboratoire est aménagé dans l'Atelier et le Hangar à l'École de Physique et de Chimie de PARIS. Dans ce hangar qui leur sert de Laboratoire Pierre observe les propriétés des rayonnements et Marie purifie plutôt les éléments radioactifs. "L'une de nos joies était d'entrer la nuit dans notre atelier ; alors nous percevions de tous côtés les silhouettes lumineuses des flacons et des capsules qui contenaient nos produits".

"C’était une baraque de planches, au sol bitumé et au toit vitré, protégeant incomplètement contre la pluie, dépourvue de tout aménagement […] j’ai été amenée à traiter jusqu’à vingt kilogrammes de matière à la fois, ce qui avait pour effet de remplir le hangar de grands vases pleins de précipités et de liquides; c’était un travail exténuant que de transporter les récipients, de transvaser les liquides et de remuer pendant des heures, au moyen d’une tige de fer, la matière en ébullition dans une bassine en fonte". Marie CURIE

"Ce laboratoire tenait à la fois de l'étable et du hangar à pommes de terre. Si je n'y avais pas vu des appareils de chimie, j'aurais cru que l'on se moquait de moi" déclarera plus tard le Chimiste Allemand Wilhelm OSTWALD.

Marie brasse des centaines de kilos de minerai (2 tonnes de minerai contiennent un gramme de radium !) et analyse les rayonnements de la pechblende, minerai riche en uranium et s'aperçoit qu'une autre substance, le thorium, est "radioactive", terme de son invention.

Pierre et Marie Curie dans leur laboratoire

Pierre & Marie dans leur Laboratoire vers 1900, avec à leurs côtés leur Assistant, PETIT. La main droite de Marie soulevant le poids de la balance à quartz, la main gauche tenant le chronomètre et l'oeil fixé sur la tache de lumière sur la règle.

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DÉCOUVERTE DE LA RADIOACTIVITÉ NATURELLE EN 1898

Le 17 Février 1898, Marie note le comportement étrange de deux minéraux d’uranium (la pechblende, oxyde d’urane, et la chalcosine, phosphate de cuivre et d’uranyle) et découvre, en Juillet 1898, à l’intérieur un nouveau métal, elle le nomme polonium … puis un autre le 19 Décembre 1898, auquel Marie et Pierre donnent le nom de radium, ils écrivent :

"La nouvelle substance radio-active renferme certainement une très forte proportion de baryum; malgré cela, la radio-activité est considérable. La radio-activité du radium doit donc être énorme".

Pierre et Marie prouvent - découverte majeure - que la radioactivité n'est pas le résultat d'une réaction chimique mais un phénomène physique naturel, une propriété de l'élément, en fait des noyaux de l'atome instable, dits radio-isotopes, se transforment spontanément, se désintègrent en dégageant de l'énergie sous formes de rayonnements divers. Les rayonnements ainsi émis sont appelés, rayons gamma, rayons beta ou rayons gamma.

Le 2 Mars 1900, Pierre est nommé Répétiteur Auxiliaire de Physique à l'École Polytechnique. Il démissionne en Octobre 1900 suivant, suite à sa Nomination à la Faculté des Sciences de l'Université de PARIS comme Chargé d'un Cours Complémentaire de Physique pour l'Enseignement au Certificat d'Etudes de Physique, Chimie et Sciences Naturelles (Année Préparatoire aux Etudes de Médecine).

Un jour de Juillet 1902, en début de soirée, Marie a laissé sur la paillasse le tube à essai dans lequel se trouve le décigramme de chlorure de radium qu'elle est parvenue à extraire après avoir manipulé des tonnes de minerai. Dans la pénombre le tube à essai laisse apercevoir une lumière bleutée. Cette découverte de quelques grains de "poussière" fluorescents, va révolutionner le Monde Scientifique du XXème siècle.

Les CURIE refusent de déposer un brevet qui aurait pu les mettre à l'abri financièrement, afin de permettre à tout scientifique, Français ou Etranger, de trouver des applications à leur découverte, la radioactivité.

Pierre teste le radium sur lui-même. Il constate une brûlure, puis une plaie de la peau : ainsi l'action sur l'homme est prouvée. Pierre étudie l'action du radium sur les animaux avec l'aide de deux médecins. Après quelques expériences, ceux-ci sont convaincus que le radium détruit les cellules malades et peut guérir le lupus et certaines formes de cancers. Marie écrit : "L'action du radium sur la peau a été étudiée par le Docteur Henri-Alexandre DANLOS  (1844 - 1912) à l'Hôpital Saint-Louis. Le radium donne à ce point de vue des résultats encourageants. L'épiderme partiellement détruit par son action se reforme à l'état sain".

Bientôt le radium sert à traiter les tumeurs malignes. La curiethérapie est née.

Il y a plus d'un siècle, le 25 Juin 1903, Marie SKLODOWSKA-CURIE soutient sa Thèse de Doctorat à la Sorbonne intitulée "Recherches sur les substances radioactives". Elle termine ainsi son mémoire :

"Nos recherches sur les substances radioactives nouvelles ont donné lieu à un mouvement scientifique, et ont été le point de départ de nombreux travaux relatifs à la recherche de substances radioactives nouvelles et à l'étude du rayonnement des substances radioactives connues".

 

DEUX FOIS PRIX NOBEL

La rumeur courue durant l’été 1903 que le Prix Nobel de Physique ne serait attribué qu’à Henri BECQUEREL ET Pierre CURIE ... un Membre de l’Académie, le Mathématicien Gösta MITTAG-LEFFLER, en informa Pierre et celui-ci lui répondit :

"dans le cas où il serait vrai que l’on songe sérieusement à moi, je désirerais beaucoup que l’on me considère comme solidaire avec Marie SKLODOWSKA-CURIE dans mes recherches sur les corps radioactifs. C’est, en effet, son premier travail qui a déterminé la découverte des nouveaux corps et sa part est très grande dans cette découverte (elle a aussi déterminé le poids atomique du radium). Je crois que si nous étions disjoints en cette circonstance cela étonnerait beaucoup de gens. Puis ne trouvez-vous pas que ce serait plus joli au point de vue artistique de nous laisser ainsi associés ?".

Le 10 Décembre 1903, à STOCKHOLM, en séance solennelle, l'Académie Royale de Sciences de Suède décerne le Prix Nobel de Physique à Henri BECQUEREL pour "la découverte de la radioactivité spontanée" et à Pierre et Marie CURIE "en reconnaissance des mérites extraordinaires dont ils ont fait preuve par leurs recherches communes sur les phénomènes de radiations découverts par le Professeur BECQUEREL".

Pierre dut attendre de recevoir en 1903 le Prix Nobel de Physique pour que la Sorbonne lui ouvre ses portes et daigne le nommer Professeur en 1904, puis que l'Académie des Sciences le juge digne en 1905 d'entrer dans ses rangs.

Le 6 Juin 1905, à STOCKHOLM, Pierre évoque devant l’Académie des Sciences Suédoise le développement de la Science de la radioactivité, ses prolongements et ses applications. Il conclut sa conférence par ces prémonitions :

«On peut concevoir encore que dans des mains criminelles le radium puisse devenir très dangereux, et ici on peut se demander si l’humanité a avantage à connaître les secrets de la nature, si elle est mûre pour en profiter ou si cette connaissance ne lui sera pas nuisible. L’exemple des découvertes de Nobel est caractéristique, les explosifs puissants ont permis aux hommes de faire des travaux admirables. Ils sont aussi un moyen terrible de destruction entre les mains des grands criminels qui entraînent les peuples vers la guerre. Je suis de ceux qui pensent avec Nobel que l’humanité tirera plus de bien que de mal des découvertes nouvelles».

Le 3 Juillet 1905, Pierre est élu à l'Académie des Sciences de PARIS, section Physique.

A la mort brutale de Pierre, Georges GOUY, ami de Pierre, propose que Marie soit nommée Professeur à la Sorbonne, à la suite de son mari, et reprenne la Direction du Laboratoire. Le 11 Mai 1906, le Conseil de la Faculté confie à l'unanimité la chaire de Pierre à Marie, qui devient ainsi la Première Femme à enseigner à la Sorbonne. Dans le même temps, elle assume seule l'Education de leurs deux filles Irène (1897 - 1956) et Ève (1904 - 2007).

De 1907 à 1909, Irène suit avec enchantement les cours de la Coopérative d’Enseignement montée par sa mère et ses amis : Henriette et Jean PERRIN, Paul LANGEVIN, le Sinologue Edouard CHAVANNES et sa femme, le Sculpteur Jean MAGROU, le Professeur MOUTON, enseignent la Littérature, l’Histoire, les Langues Vivantes, les Sciences Naturelles, le Modelage, le Dessin. Enfin, dans un local désaffecté de l’Ecole de Physique, Marie consacre le jeudi après-midi au cours de Physique le plus élémentaire que ces murs aient jamais entendu.

DÉBUT DE SCANDALE ET ANTIFÉMINISME

En Juillet 1910, quand Marie se rapproche de Paul LANGEVIN, elle est déjà veuve depuis quatre ans. Marie et Paul entament une liaison secrète !

Début Novembre 1911, éclate "L'affaire LANGEVIN". Tous les amis de Paul savaient que son mariage n'était pas heureux. Ancien élève de Pierre CURIE, , Paul se confie à Marie, qu'il connaît de longue date. L'estime réciproque se transforme en affection

Marie est traînée dans la boue parce qu'elle trouve un peu de bonheur dans les bras du Physicien Paul LANGEVIN, un homme marié. Une campagne de presse est lancée contre Marie. Des journaux à scandale publient des lettres échangées entre Marie et Paul et accusent "L'étudiante Polonaise" de briser un ménage Français. Tous deux démentent la teneur des lettres mais le scandale ne s'éteint que lorsque Jeanne LANGEVIN, l'épouse de Paul, accepte un arrangement "à l'amiable" et renonce à porter l'affaire devant la Justice. La campagne de presse a été si violente que le Ministre de l'Instruction Publique en est venu à souhaiter que Marie retourne en POLOGNE. 

Le 23 Novembre 1911, Gustave TERY, un ancien Normalien, Editeur d’un Hebdomadaire à scandale, xénophobe et antisémite, "L'oeuvre", s’exprime à son tour sous le titre "Les scandales de la Sorbonne". 
Paul LANGEVIN : "J’ai décidé de provoquer TERY en duel. C’est idiot, mais je dois le faire".
TERY gardera son bras baissé … pour ne pas tuer le mari de Jeanne LANGEVIN, ni "priver la Science Française d’un cerveau précieux". La campagne de presse, essoufflée, s’arrête, mais tout projet commun entre Marie et Paul est désormais impossible.

Le 16 Novembre 1910, Le Figaro révèle au grand public que Marie envisage de poser sa candidature à l'Académie des Sciences. Marie fait la une de l’Excelsior du 9 Janvier 1911. Le journal annonce l’examen de sa candidature à l’Académie des Sciences et présente une étude graphologique et morphopsychologique de la Physicienne.

Le sexisme de l'époque lui refuse l'entrée à l'Académie des Sciences. Plus jamais, Marie ne présentera sa candidature à l’Académie des Sciences (elle sera élue à l’Académie Nationale de Médecine en Février 1922sans avoir fait acte de candidature !).

 

NÉGOCIATIONS POUR LA REMISE DU PRIX NOBEL DE CHIMIE 1911

Le 8 Novembre 1911, Marie reçoit un télégramme lui annonçant que le Prix Nobel de Chimie lui est attribué.

Marie Curie Prix Nobel 1911

Le 22 Novembre, Marie écrit à Svante ARRHENIUS, Membre de l'Académie Suédoise, Secrétaire du Comité Nobel, pour lui demander son avis sur sa venue.

Le 25 Novembre, Marie reçoit cette réponse : "Nous connaissons bien ici toutes les chicanes qui ont été dirigées contre vous […] Aucun ne parlera de ces affaires, vous pourrez vivre dans une atmosphère complètement pure".

Mais le 1er Décembre, autre ton de Svante ARRHENIUS : " …dans de telles circonstances vous vous désistiez de venir ici pour prendre le prix…Elle doit, dit-il, laver son nom de tout soupçon avant de recevoir le prix".

Le 5 Décembre, Marie répond à Svante ARRHENIUS : "La démarche que vous me conseillez m’apparaîtrait comme une erreur grave de ma part. En effet, le prix m’a été décerné pour la découverte du radium et du polonium. J’estime qu’il n’y a aucun rapport entre mon travail scientifique et les faits de vie privée que l’on prétend invoquer contre moi dans des publications de bas étage, et qui sont, d’ailleurs, complètement dénaturés. Je ne puis accepter de poser en principe que l’appréciation de la valeur d’un travail scientifique puisse être influencée par des diffamations et des calomnies concernant la vie privée. Je suis convaincue que cette opinion serait partagée par beaucoup d’autres personnes. Je suis très peinée que vous ne soyez pas vous-même de cet avis".

Elle obtient gain de cause. La date prévue fut maintenue. Elle parti pour STOCKHOLM.

Le 11 Décembre 1911, Marie reçoit un deuxième Prix Nobel de Chimie, pour avoir déterminé le poids atomique du radium.

A son retour à PARIS, Marie souffre de troubles rénaux ; elle est opérée par Charles WALTHER. Accès fébriles et douleurs rénales continuent. Marie part se reposer à BRUNOY, puis passe un mois en Sanatorium à THONON-LES-BAINS, en SAVOIE. Le 17 Octobre 1912, Marie est de retour à PARIS et se remet au travail.

 

LA RADIOLOGIE AU SERVICE DES BLESSÉS DE GUERRE

La Guerre éclate en Août 1914. Les rayons X peuvent localiser éclats d'obus et balles, faciliter les opérations chirurgicales. En 1916, elle obtient son permis de conduire et part régulièrement sur le front réaliser des radiographies. Elle est rejointe par sa fille Irène, âgée de dix-huit ans, qui fait de même dans plusieurs Hôpitaux de campagne durant toute la Guerre. Marie organise le premier Service Radiologique Mobile en créant des voitures radiologiques appelées les "Petites Curie" et équipe les Hôpitaux. Marie réussit à équiper 18 de ces unités motorisées. A l'issue du conflit, Marie publie, sous le titre "La Radiologie et la guerre", un petit ouvrage retraçant le récit de l'aventure et un manuel élémentaire de radiologie. Rien que pour les années 1917 et 1918, elle évalue à 1 100 000 le nombre d'examens radiologiques réalisés.

voiture radiologique

Elle poursuit ses études avec sa fille Irène et avec le Docteur Claudius REGAUD. On utilise alors pour toute protection un écran de métal et des gants de tissu !

 

MARIE CURIE ET CLAUDIUS REGAUD : DE L'INSTITUT DU RADIUM À LA FONDATION CURIE

En 1906, Claudius REGAUD découvre que les radiations bloquent les cellules germinales chez l'animal et en conclut qu'elles pourraient aussi stopper le développement de cellules à croissance rapide telles que les tumeurs. Il comprend que le rayonnement des sources usuelles doit être filtré – pour éliminer les rayons alpha qui brûlent la peau et ne garder que les rayons gamma qui travaillent en profondeur.

Institut du radium créé en 1914

Dès1909, Marie souhaite mettre en place un grand Laboratoire pour l'étude de la radioactivité et de ses applications en Physique, Chimie, Biologie et Médecine. L'Université de PARIS et l'Institut PASTEUR décident de construire conjointement un grand Laboratoire pour Marie : l'Institut du radium. Le Laboratoire CURIE est dirigé par Marie et entièrement consacré aux Recherches en Physique et Chimie. Le Docteur Claudius REGAUD, est chargé de l'Etude des effets biologiques et médicaux de la radioactivité.

L'Institut CURIE est né de la volonté d'une femme, Marie SKLODOWSKA-CURIE, et de l'importance d'une cause, la lutte contre le cancer.

En 1912, Claudius REGAUD se voit confier l'élaboration d'un programme de lutte contre le cancer.

A partir de 1914, Marie dirige le Pavillon CURIE de l'Institut du radium, l'un des plus importants Laboratoire de Recherche Scientifique à cette époque. Sa plus grande joie est de participer à "soulager la souffrance humaine".

En 1918, à la fin de la Guerre, Marie peut enfin occuper son Poste, à plein temps, à l’Institut du radium. Sa fille Irène devient son Assistante.

La Fondation Curie

En 1920, la lutte de Marie et de Claudius REGAUD pour obtenir des moyens supplémentaires débouche sur la création de la Fondation CURIE, grâce à une donation du Docteur Henri de ROTHSCHILD. Département d'Applications Médicales des radiations, c'est un Etablissement de Soins et de Recherche spécialisé dans la lutte contre le cancer. Cette Fondation obtient le statut de "Fondation privée à but non lucratif reconnue d'utilité publique" le 27 Mai 1921.

 

MARIE CURIE AUX ÉTATS-UNIS EN 1921 ET 1929

Voyage aux États-Unis en Mai-Juin 1921

Le 4 Mai 1921, Marie et ses deux filles embarquent pour les ETATS-UNIS où une Campagne a été organisée par la Rédactrice en Chef du Magazine "The Delineator", "Miss Mary MELONEY" pour offrir un gramme de radium à l'Eminente Scientifique, afin de poursuivre ses recherches.Elle parvient à collecter 100 000 Dollars Américains environ 1 million de Francs Or) auprès des Femmes Américaines. Une cérémonie grandiose est organisée à la Maison Blanche, pour accueillir Marie le 20 Mai 1921, en présence du Président Warren Gamaliel HARDING. Celui-ci lui remet un pendentif en forme de clé en or qui ouvre le coffret contenant le gramme de radium, qui se trouve dans une Usine de PITTSBURGH en PENSYLVANIE, où sont utilisés de manière industrielle les procédés qu'elle a développés, qu'elle visitera la semaine suivante (27 Mai 1921).

20 mai 1921 Marie Curie à la Maison Blanche avec le Président W Harding

Le séjour aux ETATS-UNIS va se poursuivre pendant sept semaines, par la visite de Collèges et d'Universités sur l'ensemble du territoire nord américain. On peut s'étonner que la mobilisation pour aider les Recherches de Marie soit venue des ETATS-UNIS et non de la FRANCE. Mais à l'époque, Marie était beaucoup moins célèbre en FRANCE où elle était plutôt montrée du doigt, qu'à l'étranger où elle était la Femme aux deux Prix Nobel. Par ailleurs, les ETATS-UNIS disposaient d'importants gisements d'uranium, contrairement à la FRANCE.

Son retour en FRANCE se fit dans une certaine indifférence.

Elle continua à voyager énormément : GRANDE-BRETAGNE (1911), ITALIE (1918), ESPAGNE (1919), TCHÉCOSLOVQUIE (1925), BRÉSIL et DANEMARK (1926), ECOSSE (1929), ESPAGNE et ITALIE (1931). En 1922, malgré ses hésitations Marie accepte de participer activement à la Commission pour la Coopération Intellectuelle de la Société des Nations. Elle correspond à ce sujet avec Albert EINSTEIN et se rend plusieurs fois à GENÈVE.

Voyage aux États-Unis en 1929

En 1929, elle retourne aux ETATS-UNIS, pour recevoir un nouveau gramme de radium des mains du Président Herbert Clark HOOVER. Elle le remettra à l'Institut du radium de VARSOVIE.

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MALADE ET FIN DE VIE

Vers la fin des années 1920, Marie tombe malade. On pense à une tuberculose. Malgrè ses ennuis de santé, elle continue à travailler à l'Institut du radium.

En 1934, Marie lègue, par un document autographe dit "le testament du radium", le gramme de radium à l’Université de PARIS, à condition que sa fille Irène puisse l’utiliser sa vie durant. Il a été utilisé pour diverses recherches au Laboratoire CURIE et pour des soins à la Fondation CURIE.

Epuisée, les mains brûlées par son "cher" radium, presque aveugle, Marie meurt de leucémie radio-induite avec anémie aplasique, le 4 Juillet 1934 au Sanatorium de Sancellemoz, à PASSY, près de SALLANCHES, en HAUTE-SAVOIE.

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HOMMAGES À PIERRE ET MARIE CURIE

Décoration

Pierre et Marie, refusent la Légion d'Honneur. Pierre déclarera : "Veuillez, je vous prie, remercier le Ministre et l'informer que je n'éprouve pas du tout le besoin d'être décoré, mais que j'ai le plus grand besoin d'avoir un laboratoire". Selon Ève CURIE, Marie aurait accepté si elle lui avait été donnée pour "fait de guerre" suite à la mise en place des "Petites Curies".

Panthéon

Le 21 Avril 1995, les cendres de Marie SKLODOWSKA-CURIE et de son époux, Pierre ont été transférées au Panthéon (Basilique Sainte Geneviève), aux côtés de l'Ecrivain Victor HUGO, de l'Homme Politique Jean JAURES et du Résistant Jean MOULIN et … du Physicien Paul LANGEVIN !
Ce geste permet à la Patrie d'honorer une femme d'origine étrangère, pour sa contribution au prestige de la recherche scientifique française.

Parmi les Savants Contemporains, Marie a été, de son vivant, la Personnalité la plus célèbre dans toutes les classes sociales de tous les Pays du Monde. Elle reçut une vingtaine de distinctions honorifiques du plus haut niveau et fut nommée Membre de nombreuses Académies étrangères, Docteur Honoris causa des plus Grandes Universités, Citoyen d'Honneur de plusieurs Villes.

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Sa fille Irène acharnée comme elle, dans le même Laboratoire, découvre en Janvier 1934 avec Frédéric JOLIOT, son mari, la radioactivité artificielle, qui leur vaudra aussi un Prix Nobel de Chimie en 1935. A l'origine des traitements du cancer et des techniques de datation des objets anciens, des roches et de l'Univers, comme de la Biologie Moléculaire et de la Génétique Moderne, la Radioactivité est aussi à la Source de l'Energie Nucléaire et de la Bombe Atomique.

 


 

Une forme d'hommage du peuple Polonais à sa Grande Compatriote, au Centième Anniversaire de sa naissance, fut la création du Musée, unique au Monde, dédié à sa mémoire. Il se trouve dans la maison natale de Marie SKLODOWSKA-CURIE, à VARSOVIE, 16 Rue Freta et a comme Protecteur la Société Polonaise de Chimie dont l'un des Fondateurs et Membre Honoraire fut Marie SKLODOWSKA-CURIE

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SUR LES TRACES DE MARIE A VARSOVIE

Marie fut baptisée dans l'Eglise de la Visitation de la Vierge Marie. Petite fille, elle y venait tous les jours avec sa MèreComme nous le savons à partir de ses notes, ce dont elle se souvenait, c'était la «pénombre mystique» de l'intérieur et la tour dominant la Vistule.

Toute sa vie Marie écrira ses mémoires, grâce auxquelles nous pouvons connaître ses réflexions, ainsi que les évènements de sa vie.

L'Eglise de la Visitation de la Vierge fut érigée au XVème siècle à la place d'un Temple Païen. Elle est l'une des plus anciennes Eglises de VARSOVIE. Depuis 1999 ses fenêtres sont décorées par des vitraux représentant les scènes de vie de la Sainte Vierge

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Dans l'Eglise Saint Jacques, de l'Ordre DominicainMarie y fit sa Première Communionmais dans sa vie d'adulte elle a abandonné la religion.

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Marie fit ses premières expériences dans ce bâtiment.

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